Lettre INPH 31 août 2013

Classés dans les « corps intermédiaires », les syndicats professionnels défendent les intérêts de leurs mandants, de l'individuel jusqu'à l'ensemble de la profession.

Ils sont une indispensable courroie de transmission, un rouage nécessaire entre tous les acteurs du dialogue social.

Ce rôle ne se limite pas à ces seules actions. Nos syndicats, dans l'INPH , notre intersyndicat, doivent définir une ligne « politique » qui guidera leurs actions pendant une mandature. Débattre avec tous les acteurs de la santé est utile, même si nous ne partageons pas toujours les mêmes opinions ou stratégies les uns et les autres.

Le récent colloque de l'INPH organisé à l'Assemblée Nationale - en présence de Madame La Ministre de la Santé - avait ce but. Au cours de la 2° table ronde sur le thème du parcours de santé, étaient présents Jean-Loup Durrousset président de la FHP (Fédération de l'Hospitalisation Privée), Paul Castel Directeur général de l'ARS PACA, Philippe Burnel Délégué à la stratégie des systèmes d'information de santé.

Nous vous présentons ici quelques extraits tirés de leurs interventions. L'intégralité est disponible en version audio sur le site de l'INPH. Nous vous incitons vivement à écouter en particulier les réponses aux questions posées par la salle.


DÉBAT PRIVÉ / PUBLIC avec M JL Durrousset, président de la FHP

Entre public et privé, nous sommes à ce jour plutôt dans le divorce que la lune de miel, si vous aviez une 1° mesure à prendre en direction d'une médecine de parcours quelle serait-elle ?

La voie choisie est compliquée, conflictuelle car passant par la tarification ou la restructuration, alors que si l'on se préoccupe de thématiques précises, tout devient plus simple. Sur les restructurations, il faut dissocier les projets de coopérations associant les 2 secteurs de manière dynamique sur des thématiques sociétales ou innovantes, des décisions liées aux restructurations proprement dites qui doivent reposer sur un contrat partagé.

Je rêve d'une conférence de presse ou d'un débat FHF FEHAP FHP sur le thème « ensemble on peut mieux faire demain pour nos concitoyens »

La région doit-elle être le lieu privilégié des collaborations public privé ?

C'est au niveau de la mise en œuvre des politiques régionales que cette coopération doit prendre sa place. Il faut créer un « club de santé de territoire » réunissant tous les professionnels au plus proche des patients à une échelle différente du territoire tel que le conçoivent les ARS, notion trop administrative.

Les fédérations doivent s'investir dans le rapprochement public privé. Mais les fédérations ont mis beaucoup d'attention sur la question de la ressource financière. On vit aujourd'hui sur des ressources collectives, c'est l'assurance maladie qui nous a donné vie et sans celle-ci et les mutuelles et complémentaires nous n'existerions pas et nous devons nous faire un devoir d'innover pour dépenser mieux ces ressources.

Les usagers portent un regard critique voire désapprobateur sur l'exercice médical libéral (dépassement d'honoraires, allongement des délais de prise en charge, offre de soins dégradée)

Quel regard porte la FHP sur ces remarques et attaques ?

Le passage au miroir est bénéfique ! Ce correctif nous parait nécessaire, on a mis beaucoup d'opacité dans notre exercice quotidien. Et les usagers sont dans leur rôle en nous réclamant plus de transparence, qu'il s »'agisse des honoraires, de la qualité des prises en charge.

Il faut remettre de la démocratie et du constat par exemple en les faisant plus participer à la construction du projet médical.


DÉBAT ARS avec M Paul Castel, directeur ARS PACA

Le précédent colloque de l'INPH avait vu la naissance des ARS. Les années ont passé, le bébé a sans doute grandi, il semblerait devenir plus indépendant avec en particulier la création du FIR (Fond d'Intervention Régional) Peut-on dresser un premier bilan de son usage.

Mon regard est celui d'un novice étant en poste depuis 6 mois seulement. Le FIR est un des outils de la politique de santé déclinée en région. Le doublement de son enveloppe cette année est aussi une démonstration de son importante, pour plus de fongibilité, de souplesse, d'autonomie. Il est cependant un peu tôt pour faire un premier bilan de celui-ci.

La communication avec les agences reste difficile actuellement et si un référent pacte de territoire a été mis en place, les commissions régionales paritaires sont au point mort et les échanges entre agence et établissements de santé peu développés

Ce n'est pas mon sentiment pour ce qui concerne actuellement l'ARS que je dirige. Je n'ai pas le sentiment que l'on vive au quotidien « une guerre de tranchée ». Tout cela est certainement individu dépendant. Le passage de l'ARH à l'ARS nécessite encore beaucoup d'effort pour faire converger 3 cultures différentes, assurance maladie, DRASS DDAS, hôpital. Si les commissions régionales ont des difficultés de mise en place pour des problèmes de représentativité, les agences travaillent au quotidien avec les équipes médicales et ont en leur sein un vivier médical jouant un vrai rôle d'interface. On reste au bout de 3 ans en période de rodage.

La sous-représentation syndicale face aux ARS reste une véritable difficulté et pose la question de la place de nos organisations dans la construction des SROS.

Le SROS est un des outils de mise en œuvre du PRS (Programme Régional de Santé) et au niveau national tout est en place. Le SROS peut être révisé. L'ARS doit veiller à ce que le dialogue avec les représentants médicaux soit clair et constant. 


DÉBAT SSIS avec M Philippe Burnel, délégué à la stratégie des systèmes d’information de santé

En quoi consiste la délégation à la stratégie des systèmes d'information de santé que vous pilotez et quels chantiers sont mis en œuvre ?

La délégation collabore à la mise en œuvre des grands projets informatiques nationaux auprès des directions administratives centrales, par exemple l'hôpital numérique auprès de la DGOS. 3 chantiers sont actifs : l'accès aux données de santé en relation avec la CNIL, le service public d'information en santé, la coordination des soins.

Quel est l'état d'avancement du DMP ?

Si l'on prend l'exemple du parcours intra hospitalier d'un patient, la coordination s'exerce bien avec un dossier médical (de moins en moins papier) Cette logique doit s'appliquer largement sur tout le territoire. Si ailleurs, on a proposé au praticien une rémunération s'il utilise le DMP et l'on a défini les normes d'usage, en France on a voulu imposer le dossier.

La stratégie nationale de santé souhaite que collectivement les usagers soient impliqués dans la conduite des actions en santé, qu'en est t-il de cet axe important ?

Les usagers doivent être concernés et informés à plusieurs titres : ils sont les financeurs du système par les cotisations sociales, ils doivent pouvoir s'impliquer dans les décisions qui concernent leur santé, ils souhaitent être aidés dans leur orientation de prise en charge.

Il faut donc informer sur le droit des usagers, l'information en santé, les produits de santé, les établissements et les professionnels. Ainsi, une base de données est créée autour du médicament fédérant toutes les informations disponibles.

 

Dr Jean-Michel Badet Vice président de l'INPH et Président du SNPH-CHU